Parfois pour un nuage

brume_m

Du lundi au vendredi, tu roules embrumé dans ta routine matinale.

Tous les matins, depuis maintenant dix ans, corps endormi dans l’habitacle de métal, cette même route départementale qui s’étire en trente minutes du domicile au travail.

Après être passé à l’école – déposer tendrement l’enfant – débute alors l’étourdissant silence. Tu sais, en fait, sur une journée, il passe plus de temps avec les copains et la maîtresse qu’avec toi … Et le trajet, pour raboter encore ce temps commun…

C’est passé le moulin de Ripière, que tu entres pleinement dans ce qui sera ta journée; déjà la ville est loin derrière. Entreprendre mentalement le tour des choses à faire en arrivant, fixer au loin l’horizon d’azur ou de plomb qui encercle la géométrie abstraite des plaines céréalières, se laisser aspirer par l’asphalte d’acier, s’étonner des lumières qui renouvellent à chaque instant, de saison en saison, les paysages, finalement s’absorber dans des sensations flottantes, se presser lentement de rejoindre le bureau, la route est toute droite, les yeux sur le compteur semblent directement liés au pied sur l’accélérateur; pour arriver à temps.

Parfois, le soir, pour un nuage aperçu au lointain, prendre à droite au premier rond-point, une route plus étroite, plus sinueuse, avoir ce besoin, changer d’horizon, emboiter les pièces du puzzle, flash back de la journée, au dehors l’obscurité, tumulte au dedans. Tu te surprends même à parler à haute voix.

Puis retrouver, espièglerie dorée, l’enfant. L’adoré.

lumiere_m

Laisser un commentaire